Le réveil sonne et j’ai du mal à me sortir de mon sommeil. Je ne l’ai pas entendu tout de suite. Je ne dormais pas depuis très longtemps, parce que je dors mal ces temps-ci. Je grogne en entendant l’adresse qu’on me donne. Je n’ai pas vraiment reconnu la voix, ni regardé qui m’appelait, mais je me lève et je vais me préparer d’un pas nonchalant. J’essaie de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller mes parents et je prends ma voiture pour rejoindre les quais. Je me gare et sort du véhicule encore à moitié à dormi avant d’entendre une voix. J’aurais du me douter que c’était Soirse qui était m’avait appelé et son ton enjoué me surprendra toujours. Je ne suis pas du tout du matin.

« Mmh … j’aurais bien dormi encore un peu. »

Je me suis couché tard parce que j’ai des insomnies, mais peu importe j’aime trop mon travail pour me reposer.

« Qu’est-ce qu’on a ? »

Je demande parce que je ne sais pas à quoi m’attendre. J’ai déjà vu beaucoup de choses dans ce milieu et depuis que j’enquête sur les meurtres, j’en vois de belles et je suis toujours un peu mal à l’aise quand on découvre un nouveau corps. Je ne suis pas encore habitué, mais je veux trouver des réponses. Je vois le corps un peu plus loin, je me demande déjà ce qu’il s’est passé.

« Comment tu fais pour être d’attaque dès le matin ? »

Elle a plus l’habitude que moi, mais peut-être qu’elle a des conseils à me donner.

Les scoops ne dorment pas. Elle n’a pas tort. J’acquiesce et fait un petit sourire, c’est bien pour ça que je suis là finalement, parce que je suis toujours autant curieux de savoir ce qu’il se passe, de connaître les coupables. Je fais une grimace quand j’entends que le type s’est probablement suicidé, mais si on est là ce n’est peut-être pas le cas. Je fronce donc les sourcils.

« Un suicide … On nous appelle pour ça ? Est-ce qu’on sait comment il est arrivé là ? »

Je pose toujours pleins de questions. Cette histoire de suicide me met mal à l’aise. Je n’ai jamais aimé être confronté à ça. Je suis sûr que je ne suis pas le seul. Je sens quelques regards posés sur moi. Je sais que les collègues de Saoirse ne sont pas franchement à l’aise avec moi et qu’ils me voient d’un mauvais œil, sans doute mes tatouages, ils s’imaginent surement que je fais partie d’un gang quelque conque mais j’ai appris à les ignorer. J’ai l’habitude qu’on me regarde de travers et en général je réponds à leur regard par des commentaires peu flatteur, mais j’ai aussi appris à me taire. Je la regarde observer le mort et j’avoue que ça me donne souvent la nausée, mais je ne le montre pas.

« Je doute que ça soit le jus-d ’orange, mais je t’envie. Je ne suis pas du tout du matin. Je crois que ça se voit. »

Elle est tellement enthousiaste que c’est un peu étrange. Je me demande parfois si elle ne prend pas de drogue ou de weed, mais je doute que ça soit son genre. Je suis plutôt stoïque pour ma part, mais ça me touche qu’elle veuille voir comment j’écris.

« Si tu veux, mais autant te prévenir, je n’aime pas tellement qu’on me parle pendant que j’écris. J’ai besoin d’être concentré, donc tu devras être discrète. »

Je lui fait un clin d’œil. Ce n’est pas un reproche, c’est plutôt un conseil et j’espère qu’elle ne le prendra pas mal.